L’impact du Bodypositivisme sur les utilisatrices et la perception de leur corps

A l’aide de notre questionnaire, nous avons voulu, dans un second temps, étudier l’impact du mouvement bodypositif sur les utilisatrices d’Instragram.

Pour pouvoir effectuer cette analyse, une comparaison de la perception qu’ont les
utilisatrices, des influenceuses qui ne sont pas bodypositives et, de la perception qu’elle ont des influenceuses podypositives, nous a semblé pertinente. Nous avons alors construit une échelle allant de 1 à 5 pour que les personnes interrogées puissent indiquer le degré de ressemblance de leur corps avec celui des influenceuses (1 signifiant qu’il n’y a pas de ressemblance et 5 signifiant, au contraire, que la ressemblance est très importante).

Premièrement, nous constatons que l’immense majorité des personnes interrogées
considère que le corps des influenceuses ne ressemble pas au leur.

Ainsi, aucune personne de l’échantillon estime que le corps des influenceuses ressemble beaucoup au sien et seulement 9% considèrent qu’il y existe une ressemblance. En revanche, 60% des personnes indiquent que le corps des influenceuses ne ressemble pas au leur dont 19% qui considèrent qu’il ne ressemble absolument pas au leur. Cette impression qu’il y a une différence entre les corps des femmes interrogées et les corps montrés sur Instagram peut s’expliquer par le fait qu’il s’agisse de photos souvent retouchées et choisies avant d’être postées alors que les corps dans la « réalité », ne sont pas retouchés et les personnes connaissent leur corps dans des situations non flatteuses, qui peuvent mettre en avant ce qu’elles considèrent être des défauts. Par exemple, lorsque l’on est assis, le ventre n’est pas plat.

Ensuite nous avons croisé les données récoltées pour voir s’il existe un lien entre le degré de ressemblance perçu entre le corps des utilisatrices et celui des influenceuses et la perception générale, par les utilisatrices, de leur corps.

On constate alors certaines différences selon la perception par les utilisatrices de leur corps.

En effet, 65% des personnes se sentant « bien » dans leur corps considèrent que le corps des influenceuses ressemble moyennement au leur alors que c’est le cas de seulement 24% et 11% des personnes se sentant moyennement bien et « mal » dans leur corps.

De plus, aucune personne se sentant « mal » avec son corp indique un 4 comme degré de ressemblance du corps des influenceuses avec le sien alors que c’est le cas pour 13% des personnes se sentant « bien » avec leur corps.

En outre, seulement 17% des personnes se sentant « bien » avec leur corps considèrent que le corps des influenceuses ne ressemble pas au leur contre 48% pour les personnes se sentant moyennement bien avec leur corps et 78% pour les personnes se sentant « mal » avec leur corps.

Ainsi, les personnes les moins à l’aise avec leur corps sont également celles qui perçoivent le moins une éventuelle ressemblance entre le corps des influenceuses et le leur. Nous ne pouvons pas réellement établir un lien de causalité entre ces données et il pourrait s’agir d’une corrélation. En effet, nous ne savons pas si ces personnes se sentent mal dans leur corps parce qu’il ne correspond pas aux normes de beauté prônées, notamment par Instagram, ou bien si ces personnes trouvent que les corps montrés sur Instagram sont différents du leur et d’autre part, sans que cela soit lié, n’aiment par leur corps.

Après cela, nous avons demandé aux personnes interrogées d’évaluer, à l’aide de la même échelle de 1 à 5, le degré de ressemblance du corps des influenceuses bodypositives.

Alors qu’aucune personne interrogée ne considérait que le corps des influenceuses ressemblait parfaitement au sein, 1% des personnes considèrent que la ressemblance est parfaite quand il s’agit d’influenceuses bodypositives. De même 24% des personnes indiquent que leur corps ressemblance à celui des influenceuses quand celles-ci sont bodypositives contre 9% lorsqu’elles ne le sont pas. Il y a aussi une diminution de 23 points de pourcentage du nombre de personnes qui considère que le corps des influenceuses ne ressemble pas ou ne ressemble pas du tout au leur.

Mais une majorité de répondantes considère encore que le corps des influenceuses bodypositives ne ressemblent que moyennenement au leur (38%), qu’il ne ressemble pas (26%) ou pas du tout (11%) au leur.

Ainsi, si la ressemblance entre le corps des influenceuses bodypositives et celui des utilisatrices restent limitée, celle-ci est davantage marquée qu’avec les influenceuses non-bodypositives. Nous pouvons expliquer cette différence avec le fait que les influences bodypositives montrent des photos souvent moins retouchées ou encore des photos montrant des « défauts ». c’est notamment le cas de cette publication du mannequin « grande taille » Ashley Graham où elle montre ses vergetures[1].


[1] https://www.instagram.com/p/B1T7t9Lgd7y/

.

                       

Ces données sur l’impression de ressemblance ou non entre les corps des personnes
interrogées et les influenceuses bodypositives pourraient expliquer les réponses mitigées que nous avons obtenus concernant l’impact du bodypositivisme sur la vision qu’ont les utilisatrices de leur corps.

Ainsi, si très peu de personne (seulement 2%) considère que leur vision de leur corps s’est détériorée depuis qu’elles consomment du contenu bodypositif, 50% considèrent que cette vision n’a pas changée. En revanche, 48% des utilisatrices interrogées indiquent que leur vision de leur corps s’est améliorée depuis qu’elles visionnent du contenu bodypositif sur Instagram.

En ayant conscience que la perception du corps par les utilisatrices ne dépend pas seulement du visionnage de contenu bodypositif, on peut néanmoins dresser comme constat que la consommation de ce type de contenu peut avoir un impact positif ou un impact nul mais que les risques que ce type de contenu participe à la dégradation de l’image, qu’on les personnes d’elles-mêmes, est très faible.

Enfin, nous pouvons noter que les personnes commentant des publications d’Influenceuses bodypositives ont plutôt tendance à dire que ces publications ont un impact positif sur leur vie. Par exemple, dans ce commentaire, cette jeune femme remercie cette influenceuse car elle aide « à stopper la pression [qu’elle reçoit] ». Ainsi, cette jeune femme montre bien que les diktats de la beauté, et en particulier de la minceur, sont ressenties par les femmes et que montrer des corps différents, avec des bourrelets et des coups de soleil, aide à comprendre qu’il n’y a pas une perfection à atteindre, un « summer body », puisque c’est ainsi qu’elle le nomme. 

Lien : https://www.instagram.com/mybetterself/

Un autre exemple de commentaire de ce type peut être trouvé sous cette publication d’Ashley Graham.

“I friggin love this so much @ashleygraham!!! This photo is so powerful in so many ways!! Women these days are judged on how they look by so many and it’s disgusting to me!! We are so damn hard on ourselves because of it, when we should be proud of our bodies and feel beautiful inside and out!! Every damn stretch mark, every scar, every incision scar tells a story and a every story is beautiful and unique in its own way!! I’ve always been so hard on myself on how I’m perceived by people……my hair, skin, looks, my body etc UNTIL this past May when I experienced the most humiliating surgery I’ve ever endured!! It has taken me months to get over that surgery and realize, I shouldn’t be ashamed as I’m not alone in this and several women have experienced this in some shape or form!! I feel comfortable to be able to talk about my experience and feel I need to tell women to stay aware of their body changes and get checked out if something doesn’t seem right!! So now I have yet another scar that tells a story and it’s a powerful one that I can now talk about!!! You are a beautiful soul inside and out @ashleygraham you’re such a role model to women of all ages and we thank you for sharing your story!!💖 »

Avec ce commentaire, cette utilisatrice met elle aussi en avant la pression sociale que les femmes subissent et les complexes que cela peut provoquer. Elle partage sa propre expérience et remercie l’influenceuse qui, en postant des photographies de ce type, permet de faire comprendre aux autres femmes qu’elles ne doivent pas se sentir dégoutées par le propre corps.

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