Pour cet enquête, nous avons souhaité nous intéresser au mouvement « body positive » que l’on retrouve sur les réseaux sociaux et particulièrement sur Instagram. Il s’agit d’un mouvement prônant l’acceptation de son corps tel qu’il est avec l’objectif de montrer une image positive du corps de chacun et de lutter contre le body shaming, c’est-à-dire le fait d’humilier quelqu’un à cause de son physique. Ce mouvement a aussi pour but de montrer des corps différents de ceux montrés et mis en avant par l’industrie de la mode, et qui sont, dans l’imaginaire collectif, considérés comme la norme, le but à atteindre. Si ce mouvement est particulièrement visible sur les réseaux sociaux, ce n’est pas pour autant qu’il y a été créé.
En effet, c’est depuis les luttes féministes des années 60-70 que le mouvement « body positive » s’est affirmé comme un moyen pour les femmes de reprendre possession de leur corps en affichant fièrement ce que la société pouvait considérer comme des sources de complexes. C’est dans les années 1990 que Connie Sobczak et Elizabeth Scott créent une organisation nommée « The Body Positive » qui participe à la diffusion de la pensée « Body Positive ». Aujourd’hui, le numérique permet un plus large accès à cette « culture ». En effet, nous pouvons voir sur les réseaux sociaux beaucoup de corps qui ne rentrent pas dans les normes de beauté telles qu’elles sont définies par les créateurs de mode, par la publicité ou la télévision. En effet, des femmes plus size / grande taille, comme Ashley Graham, affichent fièrement leurs corps ; des hommes comme Sam Smith montrent leur ventre sans abdominaux saillants, des femmes et des hommes montrent leur acné, etc. Chacun et chacune est libre de rejoindre ce mouvement en postant une photo avec le hashtag #bodypositive.
Mais le « body positivisme » n’est pas une tendance homogène. Ainsi, pour certaines personnes il s’agit avant tout d’un moyen de promouvoir d’autres représentations des corps et notamment des corps jugés « atypiques » puisqu’ils ne relèvent pas des critères de beauté que la société promeut. Pour d’autres cependant, des photos non retouchées ou la non-utilisation du maquillage suffisent pour s’identifier à ce mouvement et utiliser le hashtag.
Pour notre étude, nous avons décidé de nous focaliser sur l’étude du « body positivisme » et de son impact uniquement sur un public féminin puisque nous avons considéré que les critères de beauté étaient plus stricts chez les femmes et qu’elles étaient donc le public le plus concerné par le besoin d’accepter son corps tel qu’il est. En effet, les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes par l’anorexie ou sont davantage jugées sur leur apparence. C’est en effet ce que montre « Une étude épidémiologique menée en France en 2008 auprès d’adolescents dans leur 18e année [qui] indique que l’anorexie mentale a concerné 0,5 % de ces jeunes filles et 0,03 % des garçons entre 12 et 17 ans. » De même, pour simplifier notre approche, nous définirons les critères de beauté féminins comme des corps répondant à une logique d’hyper-contrôle : minces mais pas maigres, musclés mais pas trop, le teint bronzé…
Puisque ce mouvement est beaucoup plus accessible qu’à sa création, nous nous sommes demandé quel impact il pouvait avoir sur les utilisatrices d’Instagram. Permet-il effectivement une meilleure acceptation de son corps ou bien son effet reste-t-il limité ?